top of page
Rechercher
Photo du rédacteurSidney Gavignet

Dire STOP pour commencer.

« Faire route » c’est ce que l’on dit en mer quand on trace son sillage, à terre ou dans la vie on dirait « cheminer ». Avant de faire route, on sent le voyage monter en nous. Et puis un jour, il faut y aller, il faut se lancer! Mais par où commencer pour enfin larguer mes amarres?



Je trace une analogie entre « faire route » et « cheminer ». Mais finalement ce que j’évoque ici est le cheminement personnel, celui qui mène vers ma transformation ou peut-être même l’énergie qui me meut vers et pendant ma transformation personnelle.


L’expression « Transformation personnelle » est claire, elle me parle, mais ce qui est clair pour moi ne l’est pas forcément pour vous. Elle décrit le passage d’une période de vie durant laquelle je suis mû par des dynamiques, des énergies, et tout simplement des fonctionnements dont je n’ai pas conscience et dont je « subis » les effets, vers une phase dans laquelle j’ouvre mon regard sur moi-même, je deviens capable de recul et de prise de hauteur pour observer mes mécanismes internes. Peu à peu, prenant conscience de ce qui engendre mes « réactions », je reprends les rênes de ma vie, je me transforme vers l’être que je suis, conscient et maître de ce qui m’anime.


L’homme, cocher de deux puissants chevaux.


Plusieurs images illustrent cette idée : l’homme qui comme un cocher, depuis le banc de sa cariole, tient les rênes de ses deux chevaux puissants. L’un d’eux représente ses émotions et l’autre incarne son mental. Avant transformation, cet homme subit la volonté dictée par ses chevaux, il est tracté sans contrôle. Après transformation, il devient l’habile guide des deux puissances vivantes qu’il manie de mains de maître et de plus en plus délicatement en avançant sur son chemin.


Acceptation & vulnérabilité.


L’autre image est celle de cet homme qui, au fur et à mesure de sa vie est protégé par son mental (notamment la partie « reptilienne » du cerveau) qui à chaque trauma, lui organise et impose un comportement d’adaptation, pour « survivre » à la difficulté rencontrée. Ici, le mot trauma peut sonner comme un gros mot, une exagération de ma part. Mais prenons le temps de considérer que l’un des syndromes post-traumatiques « de base » est le déni. Il permet de traverser des événements choquants et de simplement les déplacer de ma mémoire vive vers un tiroir plus profond, comme si de rien n’était. Pourtant la mémoire reste inscrite quelque part dans mon corps. Au début de mon questionnement et de mon introspection, je ne me crois pas traumatisé. Il y a toujours des traumas chez d’autres qui me semblent plus importants, plus dignes d’être relevés et potentiellement soignés. Mon mental (qui protège son travail) trouve encore des stratagèmes pour me garder dans le déni et son illusion. Il y a toujours pire que ce que j’ai pu vivre, ce serait manquer de courage de me reconnaitre traumatisé. Pourtant, c’est du courage qu’il va me falloir si je veux entamer un changement dans ma vie, ma transformation. Accepter cette possibilité du trauma dans mon histoire est m’ouvrir à ma vulnérabilité. Cela va à l’encontre de certaines idées sociétales telles « dans la vie, il faut se battre, ne rien lâcher ».

Mais peu à peu ma conscience refait surface. Encore restreinte et conditionnée, elle aurait bien besoin d’un peu d’aide extérieure pour reconnaitre dans mon histoire que (comme la grande majorité d’entre nous) j’ai moi aussi traversé des expériences marquantes, choquantes et finalement traumatisantes auxquelles je me suis adapté.


Le corps n’oublie rien.


Dans mon chemin de conscientisation (ou de transformation 😊) le livre du psychanalyste Bessel Van Der Kolk, Le corps n’oublie rien m’a aidé à m’ouvrir à cette idée. Dès les premières pages je fus percuté par les descriptions des syndromes post-traumatiques de soldats vétérans du Viêt-Nam. Je ne pouvais remettre en question l’aspect traumatisant de leurs expériences. Le plus étonnant fut de lire la description de leurs syndromes post-traumatiques principaux et d’y reconnaître certains de mes comportements ! Il n’y a donc pas de corrélation entre « la gravité » du trauma et le syndrome post traumatique qui en résulte, le catalogue de réponses semble assez basique ! Les adaptations générées par mon cerveau reptilien sont à la fois complexes et simples, finalement il s’agit d’un cerveau de lézard, sa seule préoccupation est : « ma survie ». Ses réflexes ou ses réactions animales, vont être la fuir, combattre, rentrer en sidération, ou encore tenter de charmer le « prédateur ». On parle des quatre F : Fly, Fight, Freeze et Fawn. Je n’ai pas vécu le degré d’atrocité que ces hommes ont subi ou perpétré (le résultat sur eux étant finalement le même), mais dans mon histoire mon « esprit reptilien » a parfois identifié des situations suffisamment « inconfortables » pour en conclure que danger il y avait et que celui-ci méritait une réaction et la création d’un mécanisme adaptatif. Cette adaptation est devenue mon syndrome, il s’inscrit dans une liste de fonctionnements qui s’ajoutent les uns aux autres et se déclenchent dès que mon « reptilien » détecte un élément de ressemblance avec l’évènement vécu. Dans cette foison d’informations que mon cerveau traite, il coupe parfois au plus court et associe des « stimuli » qui n’ont qu’un lointain rapport avec l’histoire déclenchante. Alors, des émotions associées au trauma initial se déclenchent.



Mes émotions me parlent de mon histoire.


D’où l’importance de prendre conscience de mes émotions, elles sont des messages de mes mémoires enfouies. Nul besoin de les refouler, simplement les reconnaitre,pour en prendre conscience, c’est ainsi que je m’éduque à l’intelligence émotionnelle. Le sujet est vaste et passionnant, mais restons ici dans celui de la Transformation personnelle, celle qui me permet de passer d’un fonctionnement « en réaction sans conscience » durant lequel je subis les événements choquants de mon histoire, à un cheminement conscient au cours duquel j’observe mes états intérieurs et je comprends peu à peu mon fonctionnement. Ainsi, découvrant mon mode d’emploi, je m’utilise mieux pour une vie plus légère, plus simple et tout simplement plus plaisante et heureuse.


Accidents de la vie ou chances de ma vie ?


Le sens de transformation personnelle est maintenant précisé, expliqué. Quels peuvent en être les éléments déclencheurs, et par quoi commence-t-elle ?

Avant de comprendre ce qui nous arrive, les déclencheurs nous apparaissent toujours comme un « accident », une « maladie », une « galère » ou encore « une tuile ». Quel que soit ce « froissement d’histoire » il nous laisse KO, grogui, secoué, désarçonné.

Le degré d’importance ou d’intensité (voir même : de douleur) de l’événement déclencheur varie. D’ailleurs, je m’aperçois bientôt qu’il n’est que le nième d’une liste qui ressemble à la courbe d’une équation exponentielle. La vie m’avait déjà parlé mais je ne l’entendais pas. Il aura fallu que le curseur monte jusqu’au niveau de ma propre intensité ou à celui de mon inconscience pour qu’enfin je l’entende. KO, burn-out, la secousse m’ébranle enfin. Mon être comprend que quelque chose doit changer ou cesser dans ma façon de parcourir la vie. Mon mental et les stratagèmes adaptatifs qu’il sait mettre en place ne parviennent plus à me cacher la réalité. Les interrogations sont nombreuses, la brume est épaisse, mais quelque chose en moi sait.


Mon courage m’encourage !


C’est alors que le courage, élément essentiel de la transformation personnelle, doit me donner le ressort nécessaire pour réagir (re-agir). Il y aura beaucoup de « re » sur mon chemin. Re-poser, ré-veiller, re-sentir, re-voir, ré-agir, re-bondir, ré-ajuster et même re-vivre. Je comprendrais alors que l’éclair qui m’a frappé est un cadeau du ciel, un de plus.

Le courage est l’énergie et l’impulsion qui me permet de quitter ma posture de victime (qui, sans conscience, subit les fonctionnements dictés par son mental). C’est lui qui me permet de croire en ma capacité à reprendre la main sur les rênes de ma vie.

Le courage m’encourage à changer ma perception des évènements que je rencontre et à prendre ma responsabilité. Je passe de « c’est la faute de » à « je suis capable de ». Je comprends le pouvoir qui réside dans ma façon de percevoir les choses, j’ai le choix de ma perception. Maintenant, je peux transformer un problème ou une difficulté en opportunité, j’ai ce pouvoir en moi !

A défaut de lucidité, je finis par entendre l’électrochoc que m’adresse la vie, je comprends alors que je dois changer quelque chose (même si je ne sais encore quoi ?!) et je m’arrête. Enfin, « je sors la tête du guidon », et prends le temps de regarder autour de moi. Que m’arrive-t-il ? Où en suis-je ? Oui, il y a questionnements, il y a perte de repères, mon fonctionnement est ébranlé. Je sais une chose : je ne peux plus continuer comme cela, je dois changer quelque chose.




Je suis perdu, c’est bon signe 😊


Quelle merveilleuse prise de conscience ! Je dis STOP. Je n’ai aucune idée de la suite, mais là, ici et maintenant, je dis STOP. Ce geste, ce cri, vient de l’intérieur. Il en est indiscutable. Il est juste et nécessaire. Mon corps réagit et, d’un éclair, reprend la main sur mon mental. La suite, je ne la connais pas, mais c’est dans cet arrêt que commence mon cheminement.

Dans le vécu, c’est un peu différent. Ce coup de tonnerre que m’offre la vie, celui qui me fait réagir, est suivi d’une perte de repères et d’un bouleversement d’équilibres. Si je n’ai pas d’aide extérieur pour m’offrir un autre point de vue que le mien, cette période sera suivie de dénigrement, de sentiment de dévalorisation. « Si j’en suis là, c’est par ce que je ne suis pas à la hauteur » ou « tout ce parcours pour en arriver là ! ». Pourtant l’heure est bien à la célébration : aujourd’hui, je prends conscience que l’énergie qui m’a animé jusqu’ici n’était que réactions. Mon énergie propre part de mon cœur, mais celle-ci part de faits de vie vécus comme des traumas.

Dans mon histoire, en ce temps de remise en question, de reprise de lucidité, j’ai dénigré mon parcours : « je ne suis qu’un marin ! ». Puis, au cours de la formation MBA (Master of Business Administration), particulièrement engageante et décalée par rapport à ma carrière, le regard des ingénieur(es) et hauts manager(es) avec qui je partageais ce cursus m’a aidé. Visiblement elles et ils avaient du respect pour mon parcours et leur unanimité a fini par m’atteindre et me questionner sur mon auto-perception. Aujourd’hui je leur suis reconnaissant.


Serait-il possible que ma vie soit une dance plutôt qu’un combat ?


Ici la transition serait toute faite pour aborder l’importance de l’accompagnement dans la transformation personnelle, mais restons concentrés sur le STOP, sur le courage qu’il me demande. Oui, ma transformation commence par un STOP. Oui, celui-ci génère du bouleversement, de l’inconfort, mais il est vital. C’est grâce à lui que je vais commencer mon cheminement vers qui je suis vraiment et que je vais ajuster ma route pour l’aligner sur l’énergie qui rayonne de mon cœur. Je vais peu à peu le sentir battre en moi et vibrer avec lui. Oui, ici il est question d’incarnation, vivre dans ma chair, me dévêtir des différentes couches endossées et des masques portés pour m’adapter, pour pallier. Ce STOP va me permettre de réhabiter cette chair qui est mienne, en route vers qui je suis. Délestée, ma vie va devenir légère.

Alors je remercie ce « coup du sort », ce burn-out, cet accident de la vie qui m’impose le STOP car il est le point de départ de ma transformation. Ce pourrait-il que ma vie soit une dance et non un combat ?

Comments

Rated 0 out of 5 stars.
No ratings yet

Add a rating
bottom of page