Accompagnement : Le mot sonne discret et humble.
Pourtant on est souvent frileux face à l’idée d’accompagnement. Notre mental est habile pour résister à cette éventualité de découdre ce qu’il a construit au cours de notre histoire. Il tisse de multiples résistances et peurs pour rester maître de notre être. Alors comment puis-je envisager et valider un accompagnement qui me convienne, qui me fasse du bien et avancer ?
Pour ce blog, pas de ligne directrice, si ce n’est celle de me laisser guider par ce qui vient de l’intérieur, un peu comme si je m’offrais dans cet exercice à me laisser accompagner 😊
D’ailleurs, ne vous est-il jamais arrivé d’être surpris vous-même par la direction que prend votre vie ? Ne vous est-il jamais arrivé d’être engagé dans un évènement et de vous sentir presque spectateur, surpris d’être là ? Pourtant c’est bien vous qui vous êtes inscrits ou qui avez fait le minimum nécessaire pour être là. En général dans ces cas-là, amusé et surpris, on se sent à sa place !
On se demanderait presque si le cheminement n’aurait pas une existence propre. Serais-je moi-même l’accompagnant de mon propre chemin ?!
L’enfant prostré n’a pas lâché.
Il m’est déjà arrivé de me retourner sur mon chemin et de ressentir cette étonnante idée que je n’ai jamais été abandonné par le « petit Sidney ». Quelle drôle d’idée que de ressentir que du haut de mes cinquante et quelques années, celui qui a veillé depuis le fond de sa cachette, celui qui à quelques reprises, est sorti de sa tanière et a su se faire entendre n’était autre que le Sidney-enfant. A quelques moments clé, c’est lui qui a décidé, c’est lui qui m’a dirigé.
On évoque régulièrement l’enfant blessé, on l’imagine prostré et fragile, mais aujourd’hui il me semble qu’il a « tenu ma baraque » depuis le fond de sa tanière. Ne serait-il pas si fragile que cela ? S’il ne l’est pas, est-il fort ? Non, je ne crois pas que cet adjectif soit le bon, profond me semble plus juste.
Suis-je faible si je décide d’être accompagné ?
Se sentir fort ou fragile n’est qu’une perception, ou pire : un jugement. Suis-je l’un ou l’autre ? Je suis les deux. Quand je me sens fort, que je n’ai pas besoin d’aide ni d’accompagnement, ne suis-je pas en plein déni ? Quand je me sens faible, au fond du trou, sans confiance, prêt à confier mon sauvetage au premier sauveur de passage, je suis assurément dans le déni. Celui de l’existence du petit Sidney, au cœur de mon propre cœur, dans le déni de mes ressources et de ma propre lumière. Dans les deux cas, les pleins pouvoirs sont en moi.
Mes premiers pas d’accompagnant.
Pour un instant, je reprends le fil de mes premiers pas « d’accompagnant » (« jeune » coach). En ce temps-là, en plein virage de ma transformation personnelle, certains de mes fonctionnements d’avant s’agrippaient encore par le biais de leur bras armé : mon mental. Dans mes premiers gestes volontaires de transformation, j’ai posé sur papier mes trois principales qualités : engagement, enthousiasme, générosité. En bon élève, je me disais alors que je pourrais rebâtir sur celles-ci. J’omettais alors qu’à peine en route, mon mental me proposait des « qualités » (fonctionnements adaptatifs) avec lesquelles j’ai fonctionné presque tout une vie. En disant STOP pour initier ma transformation, ne devais-je pas revisiter ces qualités (ou supposées qualités) ? Que donne un accompagnement « engagé » ? N’engendre-t-il pas une envie de responsabilité dans le changement de l’autre (puisque « engagé »), n’est-il pas un premier élan vers le positionnement de sauveur ? Dans l’accompagnement, l’engagement est presque « l’ennemi n°1 » ! Aujourd’hui, j’en souris, je vois à quel point mon mental se jouait encore de moi (il n’y pas très longtemps de cela !).
Ici, il est question d’un point essentiel, comme tout ce qui compose le Vivant, l’accompagnement est une relation. Excluons les relations symbiotiques ou proches car elles sont vitales et durables, ici dans le contexte de transformation personnelle il n’est ni question de vitale ni de durable, au contraire. J’évoque la relation comme une rencontre basée sur l’indépendance et la responsabilité des deux êtres (accompagnant et accompagné), pour le bien être de chacun et pour leur légèreté intrinsèque. L’accompagnement vise à la prise en main des rênes de sa propre vie, avant je subissais mon histoire, en me transformant je sors de ce positionnement de victime. Ce n’est donc pas un ou une sauveuse qui va m’accompagner car si cela était le cas il ou elle nourrirait mon ancien dysfonctionnement. Le signal d’avertissement est simple : si l’un ou l’autre de ces deux profils (victime ou sauveur) apparait dans la relation d’accompagnement, celle-ci n’est pas saine. Dans mon processus de transformation je me scanne régulièrement sur ce point-là. Aujourd’hui, je suis à la fois accompagnant et accompagné. Visant finesse, légèreté et pertinence dans mes accompagnements, je ne cesse de me faire accompagner 😊
Cultiver son jardin.
Tous ces accompagnements nourrissent ma transformation. Quand le « gros œuvre » de la transformation est accompli, la trajectoire n’est pas rectiligne. Comme en mer, en course, on cherche à « tendre la trajectoire », à éliminer les milles et les mètres superflus. Pas après pas, je simplifie, j’allège, je tends à réduire mes écarts de route. C’est une démarche de tous les jours, comme les Bouddhistes aiment à dire : « chaque jour, je cultive mon jardin ».
Comme pour les choix de livres, j’écoute ce qui vient de l’intérieur et comment mon corps réagit quand des évènements ou des informations arrivent à moi. Quand un léger frisson de joie ou de curiosité me traverse, je vais voir plus loin, il se pourrait que la vie me présente une opportunité. Quand je me tends et que l’envie ou la volonté s’associe à ma réaction, je sais maintenant que cette option recèle quelque chose de « non sain » en moi, qu’elle va nourrir « ma mauvaise herbe ». Avant de comprendre cela il m’a fallu l’expérimenter. Un jour j’ai identifié l’importance de cette différence dans mes perceptions : joie sereine et calme ou envie et volonté accompagnées d’une pincée de frénésie. Dans ce deuxième cas, il y a toujours une attente associée, apportant avec elle raidissement et projection vers l’extérieur et vers le futur. Cet état me sort du présent.
A l’image d’une abeille je butine, j’aime lire plusieurs livres en même-temps car ils se répondent et se nourrissent, j’aime aussi mener mon propre accompagnement au travers de ces divers canaux qui m’apparaissent comme parallèles ou convergents entre eux et à la direction de ma trajectoire.
Ce que je cherche à partager ici, c’est comme l’accompagnement peut être pris comme notre nourriture ou notre hygiène personnelle. Nous en sommes maître. Il s’agit de sentir ce qui est bon pour soi, ce qui correspond à mes questionnements et mes énergies du moment. Il y a aussi cette idée, comme dans toute hygiène, de régularité et de constance.
En construisant mon parcours d’accompagné, je me responsabilise sur le chemin de ma guérison. Il n’est nullement question de confier ma guérison à qui que ce soit. Je choisis celui ou celle qui avec sa présence, la qualité de son écoute et de son non-jugement, va contribuer à la sécurité de notre travail et qui va me permettre de formuler et de conscientiser ce que mon mental parvient encore à me cacher ou à falsifier. Cette personne doit m’aider à voir les choses telles qu’elles sont et à les accepter. Ensuite, je pourrais faire avec, en conscience, et aller de l’avant pour sortir de mon figement (je choisis ce mot car avec la fuite et l’attaque ils constituent nos réflexes instinctifs face à une situation stressante).
Le courage d’être accompagné
La transformation ou la guérison est avant tout une question de prise de responsabilité, mais aussi de courage. En décidant d’être accompagné, il se peut que je me trompe dans ce choix, mais avec un doux mélange de confiance et de vigilance je tante l’expérience. Qui ne tente rien n’a rien, l’adage est bien connu. Tant que je garde la responsabilité de ma transformation et cette pincée de vigilance, le risque n’est pas réellement existant. Au pire j’arrêterai quand je jugerai que la relation d’accompagnement ne me fait pas avancer sur le chemin de ma compréhension.
Qu'attendre d’un accompagnement ?
Le plus simple et le plus directe des marqueurs de pertinence et de performance de l’accompagnement (quand je suis accompagné) n’est autre que la sensation de fin de séance qui répond à la question : ai-je compris quelque chose sur moi-même ou sur moi en relation avec d’autres ? Ai-je fais un petit pas sur mon cheminement ? Me suis-je allégé d’un poids au cours de cette séance ? Rien de plus évident que la simplicité, nous devons ressentir dans notre corps si la séance a effectué son travail.
Un autre regard.
Par sa qualité de présence et d’écoute, l’accompagnant doit entendre ce que je lui dis de moi et dont je n’ai pas conscience. Souvent, il pourra reprendre mes propres mots et les réutiliser pour que je réalise ce que je dis de moi. Il pourra aussi pointer les gestuelles associées à ces mots et souligner ainsi mon langage non verbal. Il pourra aussi partager ce qu’il ressent en face de moi pendant la relation de travail, je serais parfois surpris et pourrais découvrir l’écart qu’il y a en moi en ce que je pense exprimer et la façon dont cela peut être perçu. Dans ce registre, il m’est déjà arrivé de voir de la peur dans les yeux de mon interlocuteur, ne comprenant pas ce qui pouvait générer cela de ma part. Grâce à la réaction de la personne avec laquelle nous étions en interaction, je compris que mon intensité et ma « générosité disproportionnée » dans ma volonté de convaincre finissaient par corrompre mon message et transmettre une image bien différente de celle dont j’avais conscience.
Mon rôle d’accompagnant.
Mon approche d’accompagnant a bien évolué depuis mes débuts, et elle évoluera probablement encore. Garantir un contexte de sécurité, rassurant, est toujours le socle de celle-ci. L’intention est de permettre à celui ou celle qui me sollicite de se dé-tendre, de relâcher ses fonctionnements de vigilance ou de défense pour laisser émerger ce que j’appelle : sa propre Médecine.
Pour offrir ce contexte, je travaille la qualité de ma présence. Une écoute de qualité et non jugeante permet à l’accompagné(ée) de se sentir considéré(ée), cela n’est pas si courant dans notre vie de tous les jours !
Avec une présence de qualité je facilite en moi l’émergence de l’inspiration, je favorise la possibilité de sentir et saisir les plus subtiles compréhensions, images ou phrases qui montent de l’intérieur ou « d’ailleurs ». Ce qui me vient lors d’un accompagnement et que je partage, n’est jamais échangé comme une vérité, seulement comme un ressenti face à ce que je reçois lors de cette relation d’accompagnement, ce n’est qu’un regard extérieur.
Le plus souvent maintenant, je me sens spectateur du changement, des compréhensions et des mises en mouvement de celles et ceux que j’accompagne.
Travailler, m’entraîner en tant qu’accompagnant est une routine de tous les jours qui me nourrit. Elle me permet d’apaiser mon mental et de profiter davantage de l’ici et maintenant. Si je devais valider que je suis bien à ma place dans la vie dans ce travail d’accompagnant, le plaisir et l’émotion générés par le spectacle du cheminement de mes clients en seraient le plus évident des marqueurs. Ce métier m’emplie de gratitude envers moi-même et mes clients, leurs parcours et les ajustements qu’ils mettent en place pour avancer plus légers et heureux sont magnifiques et merveilleux ! Chaque avancée martèle la puissance de notre Médecine personnelle.
Oui, je crois que c’est cela, la validation d’une relation d’accompagnement (quelle que soit notre position dans cette relation) passe par la sensation d’allègement et le doux plaisir d’avancer.
Simplement 😊
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